Histoire du képi blanc

Cravate verte et képi blanc. "Blanc", certes, mais depuis quand ?

 

 

Au début du XXe siècle, les légionnaires portent le képi modèle 1884, rouge avec un bandeau bleu noir, marqué d’une grenade garance à sept flammes. Suivant la saison, ce képi est recouvert d'un ensemble en calicot blanc (modèle 1902) comportant un couvre-képi et un couvre-nuque. En tenue de campagne parfois lors de prises d’armes, la coiffe blanche pouvait être portée par les officiers et les sous-officiers. Voilà pour le départ du coup. Le képi recouvert d’un étui blanc a été reconnu comme marque distinctive des militaires du rang de la Légion en 1926 et en 1933*. Mais ce n’est qu'au défilé du 14 juillet 1939 que le grand public découvre le képi blanc, en dehors du cinéma et de la littérature.

Le sergé mercerisé blanc

Dès lors, et pendant toute la Seconde Guerre mondiale, le képi blanc se généralise dans les régiments étrangers, à l’exception de la 13e DBLE, restée fidèle au béret en drap kaki des troupes de forteresse jusqu'au matin du grand défilé de la Victoire, le 18 juin 1945. A l’issue de la guerre, alors que la Légion étrangère est engagée en Indochine, la Direction Centrale de l’Intendance, S/Direction de l’habillement publie, une notice pour rappeler l’attribution de la coiffe blanche au képi de sortie du légionnaire (juin 1952).

Après les guerres de décolonisation et le rapatriement des unités Légion en métropole, apparaît le képi entièrement confectionné en sergé mercerisé kaki clair, coiffé d’un étui en toile de cretonne blanche. A la même époque, alors que se généralise le képi du modèle 1961, apparaît, chez les maîtres-tailleurs civils et militaires, un képi fantaisie entièrement confectionné en sergé mercerisé blanc. Ce dernier ne tarde pas à se vendre également dans les foyers régimentaires, mais seulement pour les permissionnaires. L'usage de ce nouveau képi, de fabrication moins onéreuse que le képi réglementaire kaki à coiffe blanche, incite la Direction Centrale de l’Intendance, S/Direction de l’Habillement, à le rendre officiel en fabriquant un modèle similaire, en toile sergé blanc, sans couvre-képi de protection.

Le képi à coiffe kaki clair

Quant au képi à coiffe kaki clair dont l'usage s'est généralisé à partir de 1900, il était coiffé par les officiers, les sous-officiers et les légionnaires en tenue de campagne, sans pour cela remplacer la coiffe blanche. L’usage se remarque plus particulièrement dans les confins algéro-marocains et lors de la pacification du Maroc. Les lavages répétés de la coiffe kaki offraient au fil du temps un aspect plutôt écru que kaki, apanage ostentatoire des vieux « blédards ». Après la Seconde Guerre mondiale, la Légion d’Afrique du Nord reste fidèle au couvre-képi kaki clair en tenue de campagne, jusqu'à 1962.

De nos jours, seuls les sous-officiers de la Musique et du recrutement portent encore le couvre-képi blanc, ainsi que les militaires du rang du 1er Régiment étranger de cavalerie. Mais c’est bien dans la grande période algéro-marocaine et lors de la pacification du Maroc, entre 1920 et 1933, que le képi blanc est devenu l’apanage du légionnaire, et cela bien souvent au prix fort du sang versé.
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*Décision ministérielle des Armées des 18 juin 1926 et 10 août 1933.

PS. Non, Monsieur le rédacteur en chef, nous ne parlions pas de Képi Blanc, la vie de la Légion étrangère, apparu en avril 1947 !

LCL r CARPENTIER /DRP/Multimedia

Collaboration Raymond GUYADER

| Ref : 740 | Date : 25-06-2021 | 22971